Alengard, en l’an 1258, le roi Enguerrand vient de mourir, laissant un royaume partagé entre ses fils jumeaux. "A la populace de choisir", n’ayant pu décider à qui revient le trône, les derniers mots du roi agonisant ne sont d’aucune aide pour départager les successeurs.

Au Nord, Evrard est sanguinaire, d’une violence extrême, il sait s’entourer de petits nobles avides de gloire et d’argent, qui l’aident à obtenir la pleine royauté du pays, quitte à commanditer des crimes pour parvenir à ses fins. D’autant plus qu’il cache un secret qui pourrait lui coûter l’accession au trône : sa femme Aelis ne peut lui donner de descendant.
Les habitants s'inquiètent bien de voir la dame toujours aussi plate, ils se doutent qu'elle a un problème car depuis le temps que Evrard partage sa couche avec sa femme, elle devrait, dit-on, avoir le ventre gonflé de ses oeuvres, à moins que le seigneur soit un bougre ?

Au Sud, son frère Thibert est plus tempéré, il se contente apparemment de sa moitié de royaume mais ne cache t'il pas quelques manigances, dans le même but  que son frère ? Son rapprochement avec l’évêque du royaume, seul détenteur du lourd secret de Evrard, est-il si anodin qu’il n’y paraît ?
Ainsi, on constate que souvent l’Evêque se rend au Castel de Thibert et seul, cela parait bien étrange aux yeux des commères qui le voient passer. Personne n’a jamais assisté à la rencontre des deux hommes mais le seigneur en ressort tout sourire en quittant l’homme d’église.

Au milieu de ce conflit politique, la vie tente de s’écouler normalement dans Alengard, chacun vaque à ses occupations, certains regardent de très loin cette histoire de succession, d’autres tentent de se faire remarquer auprès des adeptes de l’un ou de l’autre des futurs régnants. Chacun des frères a ses partisans, qui essaient de se placer pour s’assurer un avenir meilleur quand leur candidat montera sur la plus haute marche.  Les rumeurs, conspirations et alliances sont devenues quotidiennes au sein de la noblesse et du peuple, même le clergé n’y échappe pas.
Il est d'autant difficile aux habitants de ne pas se préoccuper de cette histoire de camps, que ceux du Nord sont sensés soutenir Evrard et ceux du Sud, Thibert. Or la situation n'est pas si évidente, chacun ayant une préférence qui ne correspond pas forcément à son lieu d'habitation. Ainsi, pour éviter les querelles de voisinage, on évite de discuter du sujet fâcheux des jumeaux. Il serait bien malvenu d'afficher bien haut son opinion, au risque de se voir dénoncer à l'inquisition.

Car c’est aussi le temps de la chasse aux sorciers et il est un point sur lequel les deux frères s’accordent, celui de les traquer sans relâche sans vraiment se préoccuper de savoir s’ils servent le Bien ou le Mal. Dans ce climat de suspicion, c’est là une occasion pour les souteneurs de chaque camp d ’espionner, de dénoncer ou de se débarrasser d’un gêneur par simple accusation de sorcellerie. Un peu partout dans le royaume, les feux des bûchers improvisés à la hâte rappellent qu’il ne faut pas s’éloigner de la loi édictée par son seigneur. La moindre tâche brune suspecte, le simple petit grain de beauté signe de l'entrée du Diable dans le corps de son possesseur, promet une fin de vie immédiate dans les flammes.

Et depuis quelques temps, une autre menace plane sur Alengard : les chevaliers revenus des Croisades rapportent que des troupes étrangères se seraient installées sur les îles des pirates, des grands hommes barbus portant des casques et à l'air féroce, dans quel but ?
Et ces regroupements fréquents des sorciers inquiétés par l’inquisition sur les mêmes îles ont-ils un lien avec cette présence étrangère ou n'est-ce que le fait du hasard qui les a conduit sur le seul lieu où on ne peut les poursuivre ?
On se met à craindre une invasion des troupes inconnues ou des pirates ou des sorciers qui se rebellent, voire de tous en même temps, mais qu'en est-il vraiment ?



Et toi, que tu sois noble ou simple vassal, sorcier ou prêtre, chevalier ou pirate, auras-tu assez de forces et de courage pour vivre selon ton choix sans fléchir devant les sollicitations et menaces incessantes ?